Le crime de la Roche au Lion          Assassinat de Jeanne Campan Je vais vous conter la dramatique destinée de Janne CAMPAN assassinée à la Roche au Lion paroisse de Maroué située dans la banlieue de Lamballe actuellement dans les Côtes d’Armor. C’est un document du site internet de Gallica d’ Armand Corre (1841-1908) : Documents de criminologie rétrospective (Bretagne, XVIIe et XVIIIe siècles) de 1895, qui va tout d’abord susciter ma curiosité. J’y découvre que la fille d’un de mes ancêtres, Jan Campan, fut assassinée en 1745. Au cours de vacances en Bretagne, une visite aux archives des Côtes d’Armor de Saint Brieuc va me permettre de découvrir ce crime (cote B 628) avec ses 130 photos prises. Il me restait ensuite à décrypterces documents datant de plus de 250 ans. Je pensais être le premier à les déchiffrer, jusqu’à ce que je découvre que ce procès avait déjà été étudié auparavant par Jean Rozé lors d’un article paru dans Généalogie 22 en juillet 2005. Je suis arrivé à des conclusions sensiblement identiques et je vous livre donc son article agrémenté de quelques précisions que j’ai jugées utiles de joindre à ce récit, ainsi que ma petite touche personnelle. Retraçons tout d’abord la vie de ses parents : Jan CAMPAN (sosa 2968) est le fils légitime de Jan CAMPAN, meunieret de Noëlle BEDEL. Il est baptisé à La Poterie - Eglise St Yves, le 14 janvier 1665. Il sera meunier. Son père, Jan, meurt le 6 septembre 1677, Jan est âgé de 12 ans. Sa mère, Noëlle, meurt le 12 janvier 1679, Jan est âgé de 13 ans. Il va s’unir le mardi 12 juin 1691 à Maroué avec Jeanne RUELLAN (sosa2969 ) la fille légitime de Pierre RUELLAN et de Helene BOUVET, elle est baptisée à Maroué le 1er octobre 1666. Ce couple aura neuf enfants de 1692 à 1709, dont Jan CAMPAN (le fils) né en 1693 (sosa 1484) Le 9 juillet 1712 Jeanne RUELLAN meurt , Jan CAMPAN est âgé de 47 ans Jan CAMPAN se remarie le dimanche 11 juin 1713 à Maroué avec Catherine AUFFRAY née vers 1688, la fille légitime de Jan AUFFRAY et de Jacquemine BICHEMIN. Ce couple aura 10 enfants de 1714 à 1729 dont Jeanne CAMPAN qui est donc une demi-soeur de Jan CAMPAN (sosa 1484) Catherine AUFFRAY est inhumée dans l’église de Maroué le 28 novembre 1743. Jan CAMPAN (le père) meurt le mercredi 22 février 1747, à l’âge de 82 à Maroué au Moulin de la Planche. Janne Catherine CAMPAN est née le samedi 8 mai 1717 à Maroué. Son père est âgé alors de 52 ans et sa mère de 29 ans.Elle va s’unir pour son plus grand malheur avec Mathurin BOULÉ le mardi 24 janvier 1741. Ils auront un enfant, Françoise née le 6 févrrier 1742, alors que Janne est âgée de 24 ans. Janne CAMPAN décède en août 1745, assassinée par son mari, et sera inhumée le 12 août 1745 dans l’église de Maroué. La lecture du registre paroissial de Maroué nous en dit déjà beaucoup : « Janne Campan femme de Mathurin Boulé demeurant à la roche au lion a été retrouvée dans sa maison morte à force de coups et mauvais traitements. Messieurs les juges de Lamballe descendus sur les lieux avaient ordonné l'ouverture de son corps. Nous l'ont renvoyé pour être inhumé dans l'église de Maroué où nous avons fait les cérémonies ordinaires de sa sépulture en présence de Jean Boulé, Julienne et Louise Boulé- François Campan - Jacques Fourchon - François Pletan ce jour d'onzième du mois d'août 1745 “ Dans le famille Campan les mariages étaient souvent arrangés. En 1712, le 3 février, on marie Michelle Campan, fille de Jan et de Janne Ruellan avec Charles Thebault fils de Jan et de Françoise Ricart et le même jour Jan Campan ( ancêtre généalogie Esnoux sosa 1484 ) avec Janne Thebaut ( ancêtre généalogie Esnoux sosa 1485 ) fille de Jan et de Françoise Ricart également. En 1741, le 24 janvier on marie Janne Catherine Campan fille de Jan et de Catherine Auffray avec Mathurin Boulé fils de Julien et de Louise Cauret et François Campan fils de Jan et de Catherine Auffray avec Julienne Boulé fille de Julien et de Louise Cauret. Dans les deux cas, les deux frères et soeurs se marient avec les deux autres frères et soeurs. Lorsqu'en 1741, Jeanne Campan avait épousé Mathurin Boulé, elle n'avait pas tiré un bon numéro. Jean Campan avait probablement choisi pour sa fille l'héritier d'un riche laboureur et l'union avait, sans nul doute, été négociée entre les familles au mieux de leurs intérêts respectifs. Mais, pour Jeanne, ce n'était pas une affaire. Son futur époux n'avait pas beaucoup de qualités : buveur, coureur, menteur, méchant, il semblait, au contraire, bien pourvu en vices de toutes sortes. Après son mariage, la vie de Jeanne Campan va devenir un affreux cauchemar qui finira par un drame. Mathurin Boulé et son épouse habitaient à la Roche au Lion, à une demi-lieue (1) du bourg de Maroué. Les Boulé étaient, sans nul doute, des laboureurs aisés qui faisaient faire une bonne partie de leur travail par d'autres : métayers, journaliers ou domestiques. Cela ne les empêchait pas cependant de mettre la main à la pâte, principalement dans les périodes de gros travaux agricoles. À leur maison qui avait un étage, se trouvait adjointe une métairie tenue par Julien Lemoine et sa femme Michèle Besnard. Un autre couple habitait aussi à la Roche au Lion dans le même corps de bâtiment que les Boulé. Seuls deux murs et un escalier de pierre séparaient les deux logements. Il s'agissait d'un ménage de  journaliers : Jacques Hervé et Anne Gouret sa femme. Le 12 août 1745, à l'aube, Jacques Hervé déclare « n’avoir aucune connaissance de ce qui a pu occasionner la mort de la dite Campan, que hier au soir vers les neuf heures elle vint chez lui chercher du feu pour en allumer chez elle où elle était seule et son mari absent sans savoir ou sinon que le dit Boulé mari de la défunte ». Il est le plus proche voisin des Boulé, va frapper à la porte de Jeanne Campan pour l'avertir qu'il est prêt à partir pour la Ville Boudan où il travaille à la journée. On est en période de moisson. Jeanne Campan doit aussi aller travailler à la Ville Boudan, une ferme située à environ un quart de lieue de là et qui est exploitée par Jean Boulé  son beau-frère. Ils ont convenu de cela la veille au soir...Comme il n'obtient pas de réponse, il ouvre la porte qui est fermée seulement avec la clenche et...Horreur ! Jeanne Campan est étendue sur le sol, la tête et le haut du corps dans le foyer, le reste dans « la place ». La coiffe et une partie de ses hardes sont encore en feu...Jacques Hervé, en poussant des cris, se précipite pour éteindre les flammes. Anne Gouret, sa femme, alertée par les cris de son mari, saute de son lit et arrive à son tour en courant. Jacques Hervé sort précipitamment de la maison et appelle Julien Lemoine qui était déjà occupé à garder ses bestiaux dans un champ voisin. Michèle Besnard, l'épouse de ce dernier, accourt elle aussi et ne peut que constater les faits. Julien Lemoine jette un rapide coup d'oeil à l'intérieur et part aussitôt pour le moulin de la Planche afin d'avertir le père de Jeanne Campan - dit-il ? À cet instant, arrive Jean Boulé, le beau-frère de la victime. Il envoie immédiatement Jacques Hervé  chercher son frère à la maison de Plice : une propriété appartenant aux Boulé, située à environ une demi-lieue (1) de la Roche au Lion. Voilà la façon dont les quatre premiers témoins présentent les faits.  Mais, comme ils sont tous animés par un puissant désir de ne pas se mouiller, on peut se demander  si les choses se sont bien passées de la sorte. Il semble hors de doute qu'ils en ont vu et entendu beaucoup plus qu'ils n'en disent. Lorsque Jacques Hervé entre dans la maison, les hardes de Jeanne Campan sont encore en feu... Comme il s'agissait d'un feu de paille, il est évident que l'assassin venait juste de sortir et que Jacques Hervé attendait son départ pour intervenir. Tout le monde était sans doute aux aguets à la Roche au Lion et l'on avait probablement envoyé des enfants prévenir Jean Boulé à la Ville Boudan et peut-être même Jean Campan au moulin de la Planche, avant la découverte du cadavre de la malheureuse Jeanne. L'arrivée sur les lieux de Jean Boulé dès les premières minutes ne s'explique guère autrement ! Il y a un bon quart de lieue de la Ville Boudan à la Roche au Lion et le soleil n'est pas encore levé... Que serait-il venu faire là si tôt et aussi peu de temps après le crime? Quant à Jean Campan, on trouve, dans les témoignages tardifs, la mention d'une réflexion de Mathurin Boulé qui est assez énigmatique ; Françoise Méheust, fermière à la maison de Plice, témoigne que, le jour de la mort de Jeanne Campan, Mathurin Boulé est allé chez elle et a dit : « Que le vieux bigre de bonhomme de la Planche avait bien à faire d'avoir été dire à Lamballe que sa fille s'était brûlée. » Qui est allé, dès le matin, prévenir la justice à Lamballe ? C'est le vieux meunier de la Planche. II avait donc été prévenu très, très rapidement. A deux heures de l'après-midi, la Justice se met en branle. Louis Philippe Le Corgne, Écuyer, Sieur De Launay, juge civil et criminel du duché de Penthièvre, prépare l'expédition vers la Roche au Lion. La distance à parcourir n'est pas très importante. Il y a environ une demi-lieue (1) du centre de Lamballe au hameau qui domine la ville. Le Juge est accompagné de Jean Le Crublier son greffier, de François Louis de La Goublaye, Sieur du Perray - procureur fiscal, de Joseph Régnier - huissier (celui-ci habite l'ancienne maison des Ursulines achetée par Roger Soulain en 1743), de trois sergents ducaux : Vincent Rault, Olivier Rouxel et Mathurin Cosson. Lorsque François Marbault et Jacques  Leblanc, les deux chirurgiens qui ont été requis, sont arrivés, la petite troupe de neuf hommes prend la direction de la Roche au Lion où elle arrive vers les trois heures de l'après-midi. On procède tout d'abord à l'examen du cadavre de Jeanne Campan. Elle était vêtue, au moment de sa mort, de deux coiffes de toile commune, d'une camisole de « berlinge gris » et d'un jupon de même étoffe. - Tous ces vêtements sont partiellement brûlés. - Elle avait les jambes et les pieds nus. Ses cheveux étaient brun châtain . La face était tournée vers la pierre du foyer. On va retourner le corps. Le visage apparaît brûlé du côté gauche ainsi que sur la poitrine. Du sang s'écoule encore par les narines.  Il y aune petite plaie à la commissure des lèvres. Les yeux sont gonflés. Le visage est contusionné du côté droit. La matrice est sortie et livide. En haut du front, une plaie triangulaire découvre l'os sur une longueur d'un pouce environ. Après ouverture du crâne, les chirurgiens constatent qu'il y a eu un épanchement à l'intérieur. Ils ouvrent ensuite la poitrine, l'estomac et le ventre ; ils ne voient rien d'anormal. Ils font remarquer dans l’intérieur que la sortie entière de la matrice (2) renversée, sortie totalement extérieurement et constatent que cette partie est livide, sans plaie, et qu’elle est incisée. Les dits chirurgiens nous assurent que la mort précipitée de cette femme a été occasionnée par le coup et contre coup à la tête joint au feu qui l’a étouffée et aura causé particulièrement la mort, « d’autant ont-ils dit que la plaie à la tête et l’épanchement n’auront pas  été une cause flagrante de mort si elle avait été secourue. » Après s'être assurés, auprès de ses deux voisines, que Jeanne Campan était bien de la religion catholique, apostolique et romaine, ordre est donné aux sergents de transporter son corps au bourg de Maroué pour y être inhumé en terre Sainte. Après la levée du cadavre, nos magistrats procèdent à l'audition des témoins. Ils ne sont pas nombreux, uniquement les quatre qui ont découvert le cadavre : les deux couples qui habitent à la Roche au Lion. Ils sont peu bavards. Manifestement, ils évitent de se compromettre. Ils sont prudents. Ils n'ont « aucune connaissance » de ce qui peut avoir occasionné la mort de Jeanne Campan. Anne Gouret sait que Mathurin Boulé ne couchait plus avec sa femme depuis longtemps. Elle a entendu dire qu'il y a quelque temps, il avait dû tirer un coup de fusil sur son épouse mais personnellement, elle n'a rien vu, rien entendu. Hier matin vers neuf heures, elle a vu Mathurin Boulé descendre d'une chambre du premier étage. Il a dit qu'il allait à Lamballe mais depuis, elle ne l'a pas revu. Jacques Hervé, son mari, raconte comment et dans quel état il a trouvé Jeanne Campan. II dit aussi que, sur la demande de Jean Boulé, il est allé à la maison de Plice pour chercher Mathurin Boulé mais qu'il ne l'y a pas trouvé. Il a alors décidé d'aller à la métairie de la Porte de Mauny où l'épouse du métayer est la soeur de Mathurin Boulé. Là, il a trouvé celui qu'il cherchait et ils sont revenus ensemble vers la Roche au Lion. Mais en arrivant à la Corderie, à cinq cents pas de la Roche au Lion, Mathurin Boulé a fait demi-tour en disant qu'il allait aller à Plice chercher des hardes pour ensevelir sa femme. Il a demandé à Jacques Hervé de dire à sa soeur, qui était déjà près de la défunte, de lui apporter la clef de la maison de Plice. C'est Jacques Hervé, lui-même, qui est allé porter la clef et qui a rapporté un peu de linge. Boulé, lui, ne s'est pas approché de la Roche au Lion. Ce qu'il ne dit pas, c'est qu'en cheminant à côté de Boulé, il a cru voir sur la veste de celui-ci... des débris de paille brûlée. Détail accablant ! Qui lui reviendra en mémoire lors du deuxième témoignage au mois de novembre suivant. Il s'en excusera alors en disant que, lors de la première déposition, il ne s'en souvenait plus parce qu'il était « éperdu ». Julien Lemoine et sa femme Michèle Besnard sont encore moins loquaces. Le mari n'a vraiment vu que le minimum. Il est aussitôt parti avertir le père de Jeanne Campan au moulin de la Planche. La femme a vaguement entendu parler d'un coup de fusil, l'hiver dernier... L'un et l'autre ont ouï dire que Boulé et sa femme n'avaient pas bon ménage... Ils étaient pourtant aux premières loges pour s'en apercevoir ! Mais ils n'avaient pas envie de parler. Ils n'ont absolument aucune idée de ce qui a pu occasionner la mort de Jeanne Campan... Le Procureur de La Goublaye estime cependant en savoir assez pour faire arrêter Boulé. II requiert, du Juge, l'autorisation de le « faire appréhender au corps et de le mettre et constituer prisonnier aux prisons de Lamballe, pour être ouï et interrogé. » Satisfaction lui est immédiatement donnée. Joseph Régnier l'huissier et les sergents vont alors procéder à la première perquisition à la Roche au Lion. Mathurin Boulé va être « perquis » dans tous les appartements, métairie, greniers, faneries, granges, écuries, étables de la Roche au Lion et même aux environs... Naturellement ils ne le trouveront pas! Si, par hasard, il se trouvait dans les parages à l'arrivée de ces Messieurs, il aurait été stupide d'y rester, il avait eu tout le temps pour s'éloigner. Le lendemain 13 août, avant midi, l'huissier et les sergents se transportent à Plice pour voir si Mathurin Boulé ne s'y cache pas. La porte est fermée...Ils s'informent auprès des voisins pour savoir s'il y aquelqu'un à l'intérieur. Ceux-ci ayant déclaré qu'ils n'ont vu personne depuis quelques jours, ils  n'insistent pas et se contentent de « perquir » dans la maison voisine et aux alentours. Bien entendu ils ne trouvent rien ! Ils s'en vont alors à la grande métairie de la Porte du manoir noble de Maulny, chez la soeur de Boulé. Ils cherchent dans la maison et dans les dépendances, sans plus de résultats. Ils interrogent, sans succès, François Bourde, le beau-frère de I'accusé puis, prennent le chemin de la Roche au Lion. Là, la porte est également fermée. Ils ne cherchent pas à l'ouvrir. Ils font une copie de l'acte de perquisition ; la fixent sur la porte d'entrée et chargent Jacques Hervé d'en faire bonne garde. Lorsqu'ils reprennent la direction de Lamballe, le soleil est couché. (1) La lieue (de latin leuga, emprunté au gaulois) est une unité de longueur anciennement utilisée en Europe et en Amérique. La lieue terrestre a comme origine la distance que peut parcourir un homme à pied en une heure. La lieue terrestre ou lieue commune de France vaut 1/25 de degré du périmètreterrestre, soit exactement 4,4448 km. (2) Matrice : chez la femme organe féminin destiné à contenir l’oeuf fécondé. On dit aussi utérus. (3) L’orviétan est un faux antidote des 17ème et 18ème siècles. Médicament de rencontre resté fameux dans les fastes du charlatanisme médical, l’orviétan était dû, dit-on, à l’imagination d’un certain Jérôme Ferrante, natif d’Orvieto, d’où il tira son nom, et depuis son origine jusque vers la fin du 18ème siècle, il fut apporté en France en 1647 par un autre natif d’Orvieto du nom de Christoforo Contugi, qui se fit d’abord appeler Lorvietano, puis Lorviétan ou l’Orviétan. L’apothicaire Pierre Pomel écrit en 1694 dans son Histoire des drogues : « L’orviétan était commun à Rome depuis longtemps, et c’est de là que le faisaient venir les épiciers avant que le sieur Contugi eût obtenu du Roi la permission de le débiter publiquement. » Contugi acquit vite célébrité et richesse sous le nom qu’il avait choisi et il était déjà fameux au temps de la Fronde car son pseudonyme figure en tête de plusieurs mazarinades. Ayant entrepris, en 1647, de faire approuver sa drogue par la Faculté, il réussit, moyennant espèces sonnantes et trébuchantes, à obtenir la signature de douze docteurs. Mais cette ambition le perdit lorsque, voulant avoir jusqu’à l’attestation du doyen, Jean Piètre, il offrit audacieusement de la lui payer quatre cents écus en lui mettant sous les yeux les approbations qu’il avait déjà achetées. Jean Piètre, mauvais médecin, mais honnête homme, réunit toute la Faculté et les douze docteurs corrompus « furent chassés de la compagnie par un décret solennel. » Cette mésaventure du charlatan italien ne nuisit nullement au succès qu’obtenait sa drogue. Il en transmit le secret à ses descendants et l’un d’eux le vendit à un autre entrepreneur de guérisons, le sieur Nicolas de Blegny, créateur de nombreuses spécialités pharmaceutiques, aigrefin qui, pour avoir le titre de médecin du roi, connaissait pourtant mieux le chemin de la prison que celui de la Cour. Bravo ! Vous avez eu la patience d’aller jusqu’au bout de cette page. Avant de continuer la suite de cette histoire, je vous propose un petit intremède musical puisque vous avez pu le constater :  “ils savaient tout, mais ne disaient rien ...”
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